Les filles de Pattaya sont bien balancées

          Entendez par là qu'elles ont le sens de l'équilibre. C'est précisément ce que dit l'étymologie: 'équilibre' vient de l'ancien mot (féminin!) 'equalibre' «force égale» apparu en 1544 (issu du latin 'æquilibrium', de 'libra' «balance»).

           Oui, les filles de Pattaya sont des acrobates, il faut les voir (un vrai régal!) sanglées dans leur petit tailleur gris anthracite, franchir, imperturbables, les tragiques intersections, juchées en amazone sur la selle des (non moins placides) moteusaïs-taxis, évoluant parmi les féroces bolides métallisés.


          De la haute voltige. Et mon Dieu, quelle grâce! Les jambes nonchalamment et avantageusement croisées, la pointe de leur talon aiguille juste au bord du repose-pied, elles peuvent se pomponner, se refaire une beauté, le plus sérieusement du monde, tenant la dragée haute à leur poudrier, les yeux dans les yeux, sans sourciller.

        La pollution et les klaxons, elles n'en ont cure. Dans le Gulf Stream de la circulation urbaine, seul compte ce petit hublot où miroitent leurs attraits.

      Et puis elles lui ferment le clapet avec l'autorité naturelle des grandes tragédiennes. Click. Sur l'esquif ballotté par les maelströms pétaradants, elles sont comme en apesanteur. La lévitation semble pour elles un exercice quotidien, juste une façon de se déplacer sur la crête argentée des vagues de touristes. De drôles de sirènes, ces filles de Pattaya…

Raymond Vergé

Crédit photo: jan clod

 


... seul compte ce petit hublot où miroitent leurs attraits...
{Pattaya, Soï 6, février 2010 - crédit photo: jan-clod}



15/03/2008
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