Démocratie, où est ta Victoire?

             Parmi les repères urbains les plus connus de Bangkok, 'Democracy Monument' et 'Victory Monument' sont parfois pris l'un pour l'autre. Derrière cette confusion monumentale se cache un sculpteur italien, Corrado Ferocci, considéré comme le père de l'art moderne en Thaïlande.

            Ces deux emblèmes nationaux se dressent à des rondpoints qui sont, n'ayons pas peur de le dire, au carrefour de l'Histoire et des civilisations. Ils furent érigés sous la mandature du maréchal Phibun Songkhram.

          Democracy Monument d'abord, achevé en 1940, au croisement des avenues Rachadamnoeun et Din-So, 1 km à l'est de Sanam Luang, au cœur de Rattanakosin. Il fut conçu pour commémorer le coup d'état du 24 juin 1932 (2475, ère bouddhique) qui avait transformé, sans effusion de sang, une monarchie absolue, vieille de sept siècles, en monarchie constitutionnelle. Cette date est restituée symboliquement: les quatre colonnes en forme d'ailes mesurent 24 mètres, tout comme le rayon de la place, laquelle est fermée par un cercle de 75 boulets de canon. Au sommet du dôme central, le piédestal sur lequel repose la constitution mesure 3 mètres de haut, en référence à juin, 3ème mois de l'année bouddhique. Son nom thaï est Anusawari Pracha-athipataï (monument-peuple-souveraineté). Ce lieu conserve une charge politique importante et sert encore de point de ralliement pour les manifestations anti-gouvernementales.

          Victory Monument ensuite, élevé en 1941 à la mémoire des 656 héros thaïlandais morts au champ d'honneur pendant la guerre (novembre 1940-janvier 1941) contre les troupes françaises d'Indochine et notamment à la bataille de Koh Chang (17 janvier 1941 ==> voir/lire ici un article restituant les deux versions des faits tels que rapportés par les belligérants: Les relations franco-siamoises).

 

        Il s'agit d'un obélisque de 50 mètres de hauteur, entouré d'un jardin ombragé, au milieu d'un des carrefours les plus congestionnés de la capitale, à la jonction des avenues Phahon-Yothin, Din-Daeng, Ratchawiti et Phayathai. Son nom thaï est "Anussawari-tchaï-samaunra-phoom" (monument-victoire-bataille-champ), comme le répète inlassablement la bande enregistrée du métro aérien qui le survole respectueusement.

          Ces deux mémoriaux sont l'œuvre de Corrado Ferocci, venu au Siam en 1923 à l'invitation de Rama VI. Vingt ans plus tard, l'université des Beaux-Arts (Sinlapakorn) fut fondée sous son impulsion. En 1946, il obtint la nationalité thaïlandaise et prit le nom de Sinlapa Bhirasi. On lui doit aussi, entre autres, le monument de Rama 1er (au Memorial Bridge), celui de Rama VI dans le parc de Lumpini et la statue équestre du roi Tak-Sin à Thonburi.

Raymond Vergé

 

VOIR UNE VIDÉO SUR BANGKOK:

http://www.thaisverkeersbureau.nl/media/videos/bangkok/bangkok.html

Photos non datées mais prises vraisemblablement

dans les années 1940

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SANTE – Niveau critique de la pollution de l'air à Bangkok

Le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement a déclaré que la qualité de l'air à Bangkok avait atteint un niveau critique ces dernières années, et qu'un plan de réduction des émissions était désormais à l'étude. Une enquête conduite dans la capitale entre 1997 et 2010 a révélé que les particules de poussière atteignaient 55,3 microgrammes par mètre cube par an, soit un résultat 4% supérieur au taux normal fixé à 50mcg, selon le Directeur général adjoint du département chargé du contrôle de la pollution, Wijarn Simachaya, cité mercredi par l'agence NNT. Le niveau de l'ozone est jugé supérieur aux normes de 0,2%, tandis que les composés organiques volatils dus aux brûlages atteignent 3,6mcg par mètre cube par an, un taux largement au-dessus de la limite fixée à 1,7mcg. Le ministère précise que les lieux où les niveaux de pollution sont les plus sévères se situent aux intersections de Din Daeng et de Lat Phrao, ainsi que dans plusieurs autres quartiers où les embouteillages sont quotidiens. Le ministère prévoit de travailler avec l'Administration métropolitaine de Bangkok et plusieurs agences environnementales afin de lancer un plan de gestion et de réduction de la pollution, qui pourrait être mis en place de 2011 à 2016.

(http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) vendredi 4 février 2011

[11/04/12]

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INTERVIEW – Luc Citrinot : "Bangkok offre un microcosme unique de l'architecture européenne"

Les Instituts culturels nationaux de l’Union Européenne (EUNIC) sortent à partir du 16 septembre une carte des principaux monuments et édifices d’influence européenne de Bangkok et Ayutthaya. Le chef de projet, Luc Citrinot, est un journaliste français spécialisé dans le tourisme et plus particulièrement dans le patrimoine asiatique. Il nous parle de la particularité de ce patrimoine unique et ce qu’il représente dans l’histoire des relations entre la Thaïlande et l’Europe

 

LEPETITJOURNAL.COM - Qu’est-ce qui vous a amené à faire cet inventaire des édifices d’influence européenne?
LUC CITRINOT - J’ai toujours été fasciné par le mélange des cultures sur le plan architectural, entre l’architecture locale et l’architecture d’apport. Une architecture d’apport soit purement copiée comme on peut le voir en Indochine, en Malaya ou en Birmanie, soit une architecture d’adaptation (mélangée) comme par exemple au Vietnam ou en Indonésie.
Je caressais depuis longtemps le projet de créer un site internet de voyage axé sur l’architecture coloniale. Un site où l’on ne parlerait que de destinations avec un passé colonial ou avec des bâtiments européens, car je pense qu’il y a une vraie demande.
Cela dit, j’en excluais la Thaïlande, car je me disais qu’elle n’avait jamais été colonisée et qu’il n’y avait pas vraiment de tradition architecturale. Et puis la première impression qu’on a de Bangkok, c’est que c’est une ville assez vilaine, on ne peut pas dire que ce soit grandiose architecturalement.
Mais il y a 3-4 ans, j’ai commencé à me balader beaucoup plus dans Bangkok, et j’ai remarqué de nombreux bâtiments anciens intéressants.
Cette architecture est généralement très occultée. Quand ils arrivent à Bangkok, les gens ne sont pas très au courant. Ils se rendent compte que certains bâtiments ont un aspect très néo-classique donc très européens, mais ils ne cherchent pas à approfondir la question.
J’ai alors rencontré Mason Florence, qui dirige Talisman Media Group, et il s’est trouvé qu’il partageait le même intérêt que moi pour l’architecture coloniale. Nous avons donc commencé à travailler sur ce projet de site (www.colonialheritage.asia), qui doit sortir bientôt. Et alors que je travaillais sur l’inventaire de Bangkok, l’Union Européenne est venue en janvier dernier voir Mason, et ça a été le déclic.

La carte répertorie-t-elle tous les sites de votre inventaire?
Le choix d’une carte comme support restreint le nombre de bâtiments. Il y en a 70 répertorié sur cette carte, dont 5 ont leur description intégrée à d'autres édifices, par souci d’espace. En fait, on est à environ 150 bâtiments et on arrive à 250 si  on compte les bâtiments construits à l'européenne mais par des Thaïlandais.

Qu'est-ce qui caractérise ce patrimoine que vous avez répertorié?
Bangkok est une ville unique par rapport au reste de l'Asie du Sud-Est car il n'y a pas d'architecture imposée, contrairement à l’empire britannique avec Rangoun par exemple, ou à l'Indochine avec notamment Hanoï. On a ici une démarche volontariste que l’on ne trouve pas dans les autres pays de la région, et des styles architecturaux différents.
Les rois (de l’époque de la colonisation, ndlr), qui se sentaient menacés par l'environnement externes, ont eu besoin de montrer que le Siam était un pays moderne, développé, contemporain. Or ce qui est moderne, développé et contemporain au XIXème siècle c'est l'Europe et ses empires, et ce jusqu'en 1918.
Les rois thaïlandais vont donc demander à des architectes de différents horizons de venir et de construire dans des styles différents. Et c’est ce qui fait toute la différence.
Tout l’intérêt de Bangkok, c’est que l’on a un microcosme de l'architecture européenne qui n’existe nulle part ailleurs en Asie du Sud-Est. La grande chance de Bangkok, malgré toutes les destructions que cette ville a connues, est que cet héritage a été conservé, notamment le quartier de Phra Nakorn, le quartier royal, et Dusit, qui est une vraie ville européenne (i.e. construite sur des critères européens), puisque c’est le quartier administratif de l'époque Rama V. Dusit est un vrai quartier d'essence européenne multiple : on a des Italiens, on a des Allemands, des Anglais, un peu de Français qui ont contribué à le construire.

Quels sont les pays européen qui ont le plus participé à cette modernisation de Bangkok?
Ce sont les Italiens qui ont le plus contribué à la construction de la ville. Les architectes italiens ont été massivement appelés, pour différentes raisons. D’abord politique, l’Italie n’étant pas une puissance coloniale et ne jouant aucun rôle d’influence en Asie. Ensuite, l’architecture de cette Europe que le roi Rama V visitera deux fois en 1897 et en 1907 est fortement influencée par le style italien.
C'est Rama IV qui fait appel au tout premier architecte, Joachim Grassi, italien de nationalité austro-hongroise qui a un côté grandiose un peu à la Marie-Thérèse d'Autriche. Il a construit le Ministère de la défense et aussi la Maison des douanes qui sera l’une de ses grandes œuvres.
Rama V va continuer sur cette lancée et va faire venir une quinzaine d'architectes, de peintres, sculpteurs italiens, qui vont vraiment influencer l'architecture locale. Mais on a également quelques architectes allemands qui viennent à Bangkok, comme Sandrezcki, qui a construit le palais royal Phra Thinang Boromphiman, de style Napoléon III qui ressemble à l'Opéra de Paris avec de légères influences italiennes.
Et puis il y a un autre personnage important, le Britannique Edward Healey, qui arrive vers la fin du règne de Rama V. Il est à la tête du ministère des Travaux publics et va construire beaucoup de bâtiments avec une influence thaïlandaise. Il est le premier qui essaie de trouver un lien entre architecture traditionnelle thaïlandaise et architecture européenne. C'est lui notamment qui construit la Siam society et la faculté des Beaux-Arts de Chulalongkorn.

Comment catégorisez-vous ce patrimoine ?
Il y a tout d’abord le patrimoine royal - les palais - et les grandes institutions, qui ont servi à établir les administrations du Siam, comme les ministères ou encore les universités, pour affirmer sa puissance. Il s’agit là de la partie la plus importante de ce patrimoine d’influence européenne.
On a ensuite les individuels avec l’aristocratie locale, qui cherche à être à la mode, et qui fait construire des villas en faisant appel soit à des architectes européens, soit à des architectes thaïlandais qui vont copier le style européen (ces derniers ne sont pas répertoriés par la carte car il n’y avait pas de lien direct avec l’Europe).
Le troisième volet concerne le patrimoine industriel et d’infrastructures comme les ponts, les gares, les lampadaires,…
Après on pourrait parler d'un patrimoine immatériel européen, comme ce tailleur polonais, Stanislaw Dost, qui a fait les uniformes de l’armée royale thaïlandaise, ou encore un photographe tchèque en charge des archives royales, les hollandais pour les canaux, etc.

Que pensez-vous de Corrado Ferroci ?
C’est un personnage très intéressant car il s'est immiscé dans la culture thaïlandaise. Il a été à la base de cet art moderne thaïlandais à partir des années 30. Il a totalement transformé l'art thaïlandais. Sculpteur d'origine, il est celui qui modernise et crée les écoles, les universités d'art. Il a également contribué à enrichir Bangkok de quelques monuments dont le Monument de la démocratie. C’est un architecte thaïlandais qu’il l’a construit, mais c’est Ferroci qui influençait l’architecture de l’époque. Et comme il était un grand admirateur de Mussolini et du fascisme italien, on a des bâtiments d'inspiration très mussolinienne à Bangkok.
Je trouve que son rôle devient un peu néfaste dans les années 50 parce qu'il a un peu figé l'art thaïlandais. Là où au début il a aidé à moderniser cet art, à partir des années 50, c’est quelqu’un qui fige l’art thaïlandais dans ce côté années 30, figuratif. Il n’a jamais accepté que l’art puisse devenir abstrait. Je pense que c’est à cause de lui si l’art thaïlandais n’a pas connu d’évolution.

A quel public s'adresse l’European Heritage Map?
Elle s'adresse d'abord aux Thaïlandais. J'espère qu'ils pourront redécouvrir leur patrimoine, qu'ils ont un peu oublié, et réapprécier leur histoire. Il y a un éveil depuis quelques années des Thaïlandais pour ce patrimoine historique.
Cette carte s'adresse ensuite bien entendu aux touristes, pour qu'ils découvrent ce côté caché de Bangkok.

Justement, les touristes étrangers viennent a priori pour découvrir un patrimoine typiquement local, que pouvez-vous leur dire pour les convaincre de l’intérêt de ce patrimoine d’influence européenne ?
Il faut leur expliquer ce que le Siam a recherché en faisant venir les européens, et puis ce patrimoine culturel unique en Asie et l'influence que les Européens ont eu sur la Thaïlande. Je pense que beaucoup de gens sont intéressés par l'histoire. Et l’histoire se traduit aussi par la présence européenne en Asie. Ce qui est intéressant c’est qu’un pays qui n’a pas été colonisé a eu cette envie de ressembler, à une époque, à quelque chose de très européen. Et puis il est intéressant de voir les endroits où il y a un mélange culturel entre l’Europe et le Siam, par exemple cette peinture italienne en plein milieu d’un temple sont très intéressants pour les touristes. J’espère même que l’Unesco réalisera un jour que Bangkok est la seule ville d'Asie du Sud-Est où il y a eu une vraie volonté par une dynastie asiatique de créer un patrimoine européen, de créer une ville avec une influence thaïlandaise, mais d’essence européenne.

Qu’est-ce qui a décidé de la photo de couverture de la carte sur laquelle on peut notamment voir la maison des douanes, la résidence de France, la banque d'Indochine et la cathédrale de l'Assomption ?
Cette photo représente le quartier Yaowarat. C’est un quartier symbolique pour la carte car c’est là que les premiers Européens vont s’installer. Ce n'est pas un quartier d'essence royale, mais un vrai quartier de légation commerciale européenne, construit par les Européens, pour les Européens.

Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC ; textes Camille GAZEAU (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) vendredi 13 septembre 2013

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Luc Citrinot est journaliste et notamment rédacteur en chef de la rubrique Asie-Pacifique pour le site internet spécialisé TravelDailyNews. Il vit à Bangkok depuis une dizaine d’années. Depuis plus de 20 ans, il s’est spécialisé dans le domaine du tourisme et du voyage et il est onsultant pour plusieurs compagnies aériennes.
Passionné d’architecture coloniale et spécialiste de l’Asie du Sud-Est, il s’est lancé il y a quelques années dans un inventaire des sites d’inspiration européenne avec photos à l’appui en vue de créer un site Internet de voyage spécialisé sur l’architecture coloniale. Un projet en cours de d’achèvement en collaboration avec Mason Florence, le directeur de la société Talisman Media Group, qui publie le magazine Bangkok 101 et la Bangkok Art Map. Sous l’impulsion en début d’année de l’EUNIC (European Union National Institutes for Culture), inspiré par le Goethe Institut et avec la participation de 9 ambassades européennes, le travail de Luc Citrinot et le savoir-faire de Mason Florence ont été sollicités pour réaliser une carte du patrimoine européen de Bangkok et Ayutthaya, une carte touristique dans le même esprit que le site www.colonialheritage.asia.

La Bangkok & Ayutthaya ’European Heritage Map, rédigée en anglais et en thaï, sera disponible au public dès le 15 septembre lors de la Journée portes ouvertes à la Résidence de France (voir plus bas), et à partir du 16 septembre dans tous les sites touristiques de Bangkok et d’Ayutthaya, ainsi que dans les ambassades de l’Union européenne à Bangkok.



Luc Citrinot nous donne 10 de ses sites préférés
1 - Le plus fascinant ce serait le palais Varadis, construit par un architecte allemand, Karl Doring. Il est totalement préservé et a été conservé tel qu’il était. Il est ouvert une dizaine de fois par an au public, il faut donc se renseigner pour connaitre les dates. Il possède une bibliothèque qui est ouverte en permanence au public. Là, on visite une vraie maison du XIXème siècle, avec une influence allemande manifeste, très art nouveau.
2 - Le 2ème endroit est le palais Parusakawan qui est le musée royal de la police. C'est un mélange d'art nouveau et de baroque absolument incroyable.
3 - Le 3ème endroit que je trouve très beau c'est la salle du trône d'Abhisek Dusit. Ce côté néo-mauresque orientalisant est très beau, avec cette architecture de bois ressemble à de la dentelle. Le hall central est sculpté en bois, cela rappelle un peu à la cathédrale de Cordoue.
4 - Il y a aussi le palais Phaya Thai, qui a un très joli café européen, on se croirait à Vienne! Le hall a été construit pour la reine Saovabbah en style typiquement mauresque.
5 - Anantha Samakhom n'est pas mon bâtiment préféré mais il est incontournable car son style et sa magnificence sont très imposants.
6 - J'aime beaucoup l'église du calvaire (Kalawar church ou Holy Rosary church), je la trouve charmante.
7 - Le Wat Ratchabophit me plait beaucoup aussi. D’abord, le bâtiment lui-même est fascinant avec sa céramique Benjarong, et l’architecture italienne à l’intérieur est vraiment amusante.
8 - Le cimetière protestant, proche du marché nocturne Asiatique, est un endroit à visiter. C'est un lieu d'une grande sérénité et les tombes sont très belles.
9 - J'aime aussi Wat Benjamabophit. Le temple de marbre en lui-même me fascine moyennement. Mais ce que j'aime beaucoup c'est l'école qui se trouve derrière et qui est un pur bijou baroque italien.
10 - Ce qui est très beau aussi c'est le pont Mahat Thai Uthit, avec des bas-reliefs de femmes qui pleurent la mort de Rama V. C'est tout petit, c'est charmant.

Un autre bâtiment que je trouve imposant c'est la banque de Thaïlande. C'est un palais baroque rococo et on a l'impression d'être à Vienne.
Pour la France, la cathédrale de l'Assomption est le bâtiment le plus significatif.





21/03/2008
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