Ethno-anthropologie socio-culturelle (sauce pattayenne)

Ethno-anthropologie socio-culturelle (sauce pattayenne)

      Il m'arrive souvent de faire du patin à roulettes dans un centre commercial quasi abandonné et conséquemment presque désert.


          C'est fou (!) comme une activité aussi banale et anodine peut permettre d'observer les comportements humains.

          Dans ce village fantôme au bord de Sukhumvit (… et de la dépression), on a, pendant une heure de voltige, tout le loisir de croiser plusieurs tranches représentatives des populations indigènes et allogènes.

          Il y a 5 ou 6 magasins [sur 560] encore ouverts (on se demande pourquoi et comment) et quelques familles qui habitent maintenant dans ce qui fut [brièvement] leur restaurant ou leur boutique.

          De temps à autres, la quiétude des lieux est troublée par une automobile ou une motocyclette, mais c'est très furtif. Occasionnellement, des candidates au permis de conduire viennent y prendre des leçons (avec le mari, le grand frère ou le cousin) et roulent donc au pas.

          Des ados locaux (locos?) s'essaient épisodiquement au skateboard et restent dans leur coin, un peu en marge.

          Et puis passent aussi des farangs, à pied ou motorisés, égarés ou au contraire profitant du raccourci formé par la "bretelle d'accès" à Sukhumvit.

          Bref, tout cela constitue un panel exploitable, un échantillonnage de citoyens, un éventail qui ratisse large.

          Au fil des mois, j'ai pu (grosso modo) établir essentiellement une classification en deux groupes: [1] les enthousiastes (sympas) et [2] les indifférents (… qui s'aiment pas).

          Je reconnais qu'à l'instar, par exemple, de la course à pieds ou du vélocipède, la pratique du patin à roulettes (désormais en ligne) peut sembler incongrue car peu productive, et par là inutile, aux esprits chagrins.

          Mais si ce n'est pas le but recherché (loin s'en faut), une telle légèreté dans la démarche (sic) provoque des réactions intéressantes, ainsi que des absences de réaction (ce qui est aussi une façon de réagir).

          Il y a donc, devant cet effort gratuit, des attitudes positives (spontanées, libérées) et des négatives (aveugles, étriquées, coincées).

          Dans la première catégorie, vous ne serez bien sûr pas surpris de trouver, en écrasante majorité, les enfants qui rient très fort, applaudissent, trépignent, encouragent et voudraient bien faire pareil, les bougres.

          Puis viennent les gens simples et de condition modeste (tous des autochtones, forcément): ouvriers, manœuvres, techniciens de surface, agents de maintenance, gardiens, vigiles, petits commerçants, moteusaï taxis, etc., qui manifestent leur approbation par des vivats, des grands signes de la main et des sourires qui illuminent leur visage (et le vôtre par le fait même).

          Dans la deuxième… classe, il y a les farangs (mes congénères) et les bourgeois du cru qui vous ignorent ostensiblement et tournent la tête comme s'ils avaient honte. De quoi, je ne sais pas et je ne tiens d'ailleurs pas à le savoir.

          Ce qui est sûr c'est que, malgré l'invasion massive (et l'usage intensif) du téléphone portable, la communication chez les individus (principalement du second groupe) reste bien difficile, "pauvre" et mystérieuse…

Raymond Vergé



25/03/2008
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