Khao Phansa : un début de carême festif

En Thaïlande, les traditions bouddhiques continuent de façonner la vie sociale. Elles ont donné lieu à fêtes religieuses qui rythment le calendrier depuis des siècles.


          Comme tous les ans, lors de la pleine lune de juillet a lieu la cérémonie dite de l'Asalaha Bucha. C'est un jour férié et la vente d'alcool est interdite car on commémore le sermon du Bouddha à ses cinq premiers disciples (qui s'était tenu le jour de la pleine lune du mois sanskrit ''Asadha'').


          Le lendemain, c'est la fête de Khao Phansa, voulant dire littéralement ''entrée'' (khao, en siamois) dans la saison des pluies (warsha, en sanskrit). Premier jour de la période du carême bouddhique où commence, pour les bonzes, une sorte de retraite: pendant trois mois, ils ne quitteront pas les abords du temple et devront se soumettre à diverses règles plus strictes que d'habitude, tout en se consacrant à l'étude, à l'enseignement et à la méditation.


        C'est aussi à cette période qu'ont lieu d'innombrables cérémonies d'ordination d'un bout à l'autre du pays. Ce carême se termine le jour de la pleine lune d'octobre (Auk Phansa, i.e. «Sortie» de la saison des pluies).


          Cette tradition remonte  directement à l'époque du Bouddha qui aurait demandé aux moines de rester dans le même monastère pendant toute la mousson pour des raisons pratiques. Ils peuvent ainsi se consacrer à la formation des novices et enseigner aux laïques. De nos jours, c'est d'ailleurs l'occasion pour ceux-ci de prendre de bonnes résolutions, comme d'arrêter le tabac, l'alcool, la viande et la consommation de produits illicites, afin de mener une vie saine, en harmonie avec les principes religieux.


          A noter également la coutume consistant à offrir des bougies aux monastères et qui date du règne du bon roi Chulalongkorn (Rama V). A cette époque, on ne connaissait pas encore la fée électricité. Les gens offraient donc de petites chandelles en cire d'abeille, et puis cela a évolué en concours de savoir-faire dans lesquels les artisans se sont mis à montrer leur créativité en sculptant des statues inspirées de la vie du Bouddha, comme on le voit aujourd'hui.


          Il y a des processions organisées par des institutions (écoles, universités, organisations publiques et privées) dans tout le pays, les plus célèbres étant celles d'Ubon Ratchathani, Saraburi et Khorat. Des statues monumentales (en cire) sont élaborées et promenées sur des chars, dans la ferveur populaire. Et c'est le lauréat de l'année précédente qui est en tête de parade.


          Cette fête de Khao Phansa est l'occasion pour les fidèles d'obtenir des ''mérites''. L'offrande de bougie a une valeur aussi pratique que spirituelle, participant à l'édification des moines et bénéficiant aussi à celui qui donne, de même que le fait de baigner les pieds des bonzes lave ses propres (sic) péchés. Comme on dit maintenant, c'est  du gagnant-gagnant!

Raymond Vergé


Pour plus d'informations sur les festivités, consulter le site internet de l'Office du Tourisme de Thaïlande: http://www.tourismethaifr.com/actualites.tpl#2067

Lien vers: Wan Khao Phansa - Wax Carvings - Khorat:
http://teakdoor.com/thailands-wats-temples-and-mosques/5408-wan-khao-phansa-wax-carvings-korat.html

INFO PRATIQUES:
-Asalaha Bucha (Pleine lune): férié (
administrations, banques). Vente d'alcool interdite, en principe.
-Khao Phansa: férié 
(administrations, banques). Vente d'alcool interdite, en principe.

http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html

lundi 26 juillet 2010

TRADITIONS – La Thaïlande entre dans le "Carême" bouddhique

(Photo Jean-Louis Duzert)

Lundi 26 et mardi 27 juillet seront des jours fériés en Thaïlande. Aujourd'hui, la fête d'Asalaha Puja célèbre le premier discours du Bouddha. Le 27, le jour de Khao Pansa sera l'occasion de marquer le début du "Carême" bouddhique, qui va de pair avec le début de la saison des pluies. L'occasion d'admirer de grandes processions de bougies sculptées, notamment dans le Nord-Est.

Asalaha Puja, qui tombe cette année le 26 juillet, marque l'anniversaire du premier sermon de Bouddha, qu'il aurait délivré à ses disciples à Bénarès, en Inde. Pour les bouddhistes, ce discours revêt une grande importance, car il est supposé contenir l'essence de tous les enseignements postérieurs du Bouddha. L'étude de ce sermon permet de mieux comprendre la structure de la philosophie bouddhiste. Il correspond également à la création de la Sangha, la communauté des moines.

Le 27 juillet, jour de Khao Pansa, correspond lui au début de la retraite de la saison des pluies, le Vassa, parfois appelé "Carême" bouddhique. Pendant trois mois, les bonzes ne quitteront plus l'enceinte du monastère et devront suivre des règles plus strictes que celles qu'ils observent habituellement. C'est également la période pendant laquelle beaucoup de Thaïlandais, notamment des jeunes, se font ordonner moines pour étudier les fondements de la religion. De nombreux laïcs profitent de ces trois mois pour pratiquer la méditation et décident de restreindre leur consommation d'alcool, de tabac et de viande. Cette tradition aurait été directement mise en place par le Bouddha lui-même, avec un but assez pragmatique : éviter aux religieux de voyager pendant la saison des pluies afin qu'ils n'endommagent pas les semences.

Spectaculaires bougies sculptées

Le jour de Khao Pansa est traditionnellement célébré par des processions et des donations de bougies aux temples. L'une des manifestations les plus spectaculaires sera à admirer dans le Nord-Est, lors du festival d'Ubon Ratchathani consacré à des processions de sculptures de cire gigantesques. Les processions de Khorat et de Saraburi sont également réputées.

A noter que le ministère de la Santé publique a décidé d'interdire la vente d'alcool pour le jour de Khao Pansa dans certaines zones, notamment les quartiers où se trouvent des universités et des écoles. La fondation Thai Health a également lancé une campagne pour inciter la population à ne pas boire d'alcool ce jour-là.

Emmanuelle Michel  (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html)

 

Un char de statues de cire le 16/07/08 sur Pattaya Tai

 

 

 

 


On peut lire: Rong-Riyan-Marivith
[École Marivith]

 

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Festival des statues de cire d'Ubon Ratchathani

Photos prises par Saman Lopthailong (alias ''Ta'') le 18/07/08

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Version anecdotique des jours fériés ''Asalaha Bucha- Khao Phansa'': Retour à contretemps (mortel week-end)

 

          J'ai quitté le Wat Phra Bath Nam Phu en moteusai taxi le vendredi 30 juillet [2004] vers les 16h30 pour me retrouver à la gare routière de Lop-Buri, 10 mn avant le départ du bus pour Mohchit (Bangkok), ce que j'ai pris pour un coup de chance mais la suite allait s'avérer moins favorable. A l'aller, on avait mis 2h30 maximum, donc j'étais confiant pour choper une correspondance, mais ce maudit bus s'arrêtait tout le temps pour prendre ou débarquer des passagers. Ça n'en finissait pas.

          Toujours sur mon siège déglingué, au bout de 3 heures de route, j'ai commencé à me dire qu'il n'y aurait plus de bus pour Pattaya et à 20h30, on s'est retrouvé bloqué, 500 mètres avant Mohchit. Toute une colonne de bus paralysée. Le contrôleur nous a dit qu'on irait plus vite à pied. Tout le monde est descendu et l'on s'est mis en marche (et en file indienne) le long de la route, entre les bus et le talus. Il faisait nuit et la pluie menaçait de tomber. Ce n'était juste que l'apéritif.

          Arrivé devant la gare routière, j'ai pu prendre toute la mesure du désastre: il y avait une foule énorme, des gens partout, par dizaines de milliers, agglutinés sur les plateformes de départ, sur les escaliers, sur les terre-pleins, dans les halls d'attente, dehors, dessus, dessous, partout. Je le savais pourtant: Asalaha Bucha, Khao Phansa, et lundi chômé pour cause de récupération. Un week-end prolongé, une aubaine pour tous ces Bangkokiens d'adoption qui partaient donc retrouver leurs familles.

          J'ai demandé le bus de Pattaya à tout ce qui portait un uniforme et qui avait l'air de faire partie du personnel navigant ou au sol. On m'a indiqué des directions vagues et même contradictoires. Au bout de 20mn d'errance (avec mes 2 sacs accrochés aux épaules), je suis arrivé devant la rampe de lancement du bus pour Pattaya. Il y avait un jeune Farang qui tenait son billet comme si c'était son bien le plus précieux. Je lui ai demandé où il l'avait acheté et il m'a expliqué très clairement comment arriver au guichet. Je me suis précipité.

          Enfin, j'aurais voulu, mais la foule me freinait, on aurait dit que tous ces 'faiseurs de pont' s'étaient mis d'accord pour m'empêcher de passer. Quand je suis enfin arrivé au comptoir, les deux bonnes femmes, d'humeur exécrable (on les comprend), m'ont dit que le dernier bus était complet. Je leur ai demandé une solution de rechange, et de fort mauvaise grâce, elles m'ont parlé d'Ekamaï (autre station de bus) et du Sky Train (métro aérien) pour y arriver (mais qui n'était pas vraiment tout près).

          J'ai mis plus d'un quart d'heure pour sortir et me retrouver sur le passage des taxis-voitures. J'ai dit 'Ekamaï au premier qui s'est arrêté et il a redémarré aussi sec en disant 'rot-tit' (embouteillages) et en faisant la grimace. Pareil pour le deuxième. J'ai encore fait 500 mètres et j'ai appelé des moteusai-taxis. Le premier m'a dit '450 bahts' pour Ekamaï, je lui ai gentiment conseillé d'aller se faire voir. Le deuxième m'a dit '200 bahts'. J'ai répondu Ok mais j'ai quand même demandé combien de temps ça prendrait: il m'a dit 'une heure '! Et jusqu'au Sky Train? '5 à 10 minutes et 40 bahts'. Banco.

          Il ne pleuvait pas encore. Je suis monté derrière lui, je me sentais en confiance et j'avais raison. Il a fait très fort, le mec: slaloms, zigzags (au ras des voitures), trottoirs, parkings, passages privés, sens interdits… Qu'importe les klaxons pourvu qu'on ait l'adresse! Il m'a déposé au pied de la passerelle du BTS juste au moment où la pluie s'est mise à rafraîchir l'atmosphère.

          Je suis monté presto. 15 stations, assis confortablement, à l'air climatisé et au sec. Sursis bien éphémère. A peine sorti sur le quai, j'ai le malheur (ou la bêtise) de demander la direction de la station de bus à une jeune boutonneuse. Elle me fait 'Cette sortie, là-bas'. Malgré le doute, j'y vais, je descends, je redemande dans la rue, plusieurs fois, on me dit 'va tout droit'. Au bout d'un kilomètre, toujours pas de gare routière. Je les maudis tous. Je reviens au pied du Sky Train, un Indien me dit (en anglais made in USA) 'traverse la rue, c'est juste là' ! J'enrage. Les Thaïlandais sont vraiment nuls pour donner un renseignement.

          J'arrive à Ekamaï Bus Station: vision apocalyptique. Le seul avantage par rapport à Mohchit, c'est que c'est beaucoup plus petit. Mais les plateformes sont aussi prises d'assaut. Heureusement, il y a des bus supplémentaires, c'est bien le moins qu'ils pouvaient faire. La préposée-guichetière m'annonce que l'heure de départ figurant sur le ticket sera en deçà de la réalité car les bus arrivent et repartent comme ils peuvent, au gré des embouteillages monstres. Effectivement, sur le quai de départ, c'est une cohue indescriptible mais les employés de la compagnie ont l'air de parfaitement maîtriser les flux migratoires.

          Au bout d'une petite heure à faire le pied de grue dans une ambiance un peu électrique, je trouve enfin ma place dans un bus en partance. Mais je suis à la fois soulagé et inquiet, car le chauffeur a un peu la conduite sportive et symptomatique de celui qui se lâche après avoir dû ronger son frein pendant trop longtemps dans les bouchons. Ça décoiffe par moments. Bref, j'arrive à Pattaya, nouveau moteusai-taxi, mais plus tranquille cette fois. Je lui demande de me laisser au 7-Eleven [près de chez moi] pour acheter une petite mousse bien méritée. A peine le pied à terre, je reluque un petit lot (sur sa grosse Phantom) qui attend sa copine. Elle m'invite à partir avec elle sur le champ (pai douay!). Je lui dis 'Impossible, ma femme m'attend à la maison et j'ai mes bagages!' D'ailleurs, je suis crevé, il est 1h du matin: j'aurai mis plus de huit heures pour faire moins de 300 kilomètres… Restons zen!

Raymond Vergé

 





21/07/2008
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